Dominique Rousseau
La poétique des abysses
On dit que la vie est d’origine océanique…mais ne serait-elle pas aussi et d’abord d’essence poétique ?
« L’essence précède l’existence » dit-on aussi…Alors la beauté, n’est-ce pas ce qui précède, engendre, nourrit et justifie le vivant, qu’il soit animal ou végétal, qu’il soit terrestre ou aquatique ?
La beauté n’est-elle pas cette vérité essentielle, ou cette nécessité première mystérieuse et irréductible à toute explication scientifique et rationnelle ?
Quoi de plus beau en effet que le vivant, avec sa liberté, sa magie et ses infinies surprises ?
Quoi de plus beau que l’écorce d’un olivier, que les efflorescences coralliennes, que la faune et la flore archaïques des abysses.
Voyez ces « protozoaires » pélagiques, aux éblouissantes couleurs, aux formes d’une incroyable inventivité plastique, aux allures d’œuvres d’art abstrait ou surréaliste… et qui n’ont cependant d’autres admiratrices qu’elle- mêmes dans les ténèbres des grands fonds.
Tout se passe comme si, à travers ses œuvres, Dominique Rousseau fusionnait avec toutes les formes naturelles du vivant, pour en absorber le plaisir existentiel, pour en explorer intimement la structure interne, pour en comprendre la raison sensible, pour à la fois en extraire et en faire partager la beauté.
Cette volonté de communion avec l’ « âme » ou la vérité profonde des organismes vivants, n’est-elle pas aussi, pour l’artiste, une quête d’ordre spirituel du sens profond de l’être au monde dans les tréfonds ou les « abysses » de soi-même ?
Pierre Souchaud
Artiste-peintre, critique d’art, essayiste, fondateur du magasine Artension.
Juin 2025